Je veux comprendre… Les conservateurs et la cosmétique bio

Notre équipe est régulièrement sollicitée par des consommateurs au sujet des conservateurs dans la cosmétique bio. Parce qu’ils sont parfois décriés, les membres de la commission technique Cosmébio vous expliquent quelle est leur utilité et pourquoi ils créent quelquefois la polémique.

 

Informations générales sur les conservateurs en cosmétique


Qu’est-ce qu’un conservateur ? À quoi cela sert en cosmétique ?


Un conservateur est un ingrédient dont la mission est d’empêcher le développement de micro-organismes - comme les bactéries et les champignons - dans les produits cosmétiques.

Qu’il soit conventionnel ou bio, un cosmétique ne peut pas se protéger seul du vieillissement et se détériore d’un point de vue organoleptique. En d’autres termes, cela signifie qu’il perd en sensorialité : l’odeur peut « tourner », la texture et la couleur changer… Cette dégradation naturelle du produit peut même s’avérer dangereuse dans certains cas.

Par ailleurs, la loi exige de tout cosmétique mis sur le marché qu’il soit capable de se protéger d’une contamination microbienne externe. Cette exigence se vérifie par le biais de ce que l’on appelle le challenge test (test de l'efficacité du système conservateur - on contamine volontairement le produit avec des micro-organismes souvent présents sur la peau et l'on suit l'évolution de leur nombre pendant 28 jours).

Le but des conservateurs est donc de protéger le cosmétique du vieillissement, mais aussi de protéger la formule d’une éventuelle contamination microbiologique extérieure.
 

Dans quels types de cosmétiques utilise-t-on des conservateurs ?
 

Les conservateurs peuvent être utilisés dans tous types de cosmétiques, car comme indiqué précédemment, aucun cosmétique n’est immunisé face au vieillissement.

Les conservateurs sont toutefois plus fréquents dans les cosmétiques qui contiennent un fort pourcentage d’eau, car bactéries et champignons se développent dans l’eau. Toutefois, un produit contenant peu d’eau peut aussi nécessiter des conservateurs si l’eau a une activité suffisante.
 

Pourquoi les conservateurs font-ils débat en cosmétique ?
 

Les conservateurs font parfois l’objet de critiques car certains peuvent s’avérer allergisants ou irritants. Cela s’explique par le fait qu’ils luttent contre tout micro-organisme, ce qui peut perturber la flore microbienne de la peau.

Les fabricants disposent aujourd’hui d’une bonne connaissance des conservateurs. Les conservateurs sont donc intégrés avec précaution dans les formules cosmétiques. Ils font ensuite l’objet de tests poussés afin de s’assurer de leur innocuité pour les consommateurs.
 

Précisions techniques sur les conservateurs en cosmétique
 

Comment se fait le choix du/des conservateur(s) pour un cosmétique ?


Le choix du conservateur se fait en fonction de la galénique développée, c’est-à-dire le type de produit : crème, eau, huile... Il dépend également du pH du milieu, du process de fabrication ou encore de la population qui utilisera le cosmétique : un bébé, un adulte…
 

Quelle est la différence entre un conservateur « listé » ou « non listé » ?
 

Cette distinction est liée au Règlement Cosmétique.

Comme tout cosmétique, un cosmétique bio doit respecter le règlement européen N° 1223/2009 relatif aux produits cosmétiques. Il est également testé et validé par un toxicologue au même titre que les cosmétiques conventionnels.

Un conservateur « listé » fait ainsi partie de la liste des conservateurs autorisés par le Règlement Cosmétique. Les cahiers des charges de la cosmétique naturelle et biologique limitent l’utilisation à certains conservateurs de cette liste.

Un conservateur « non listé » ne fait pas partie de la liste des conservateurs autorisés par le Règlement Cosmétique. Les conservateurs « non listés » possèdent des propriétés de conservation (anti-microbien, anti-fongique…), mais ce n’est pas leur fonction principale.
 

Existe-t-il des conservateurs naturels ? Quels conservateurs sont autorisés en cosmétique bio ?

 

Il existe des conservateurs « nature-identique », c’est-à-dire des conservateurs qui existent dans la nature mais qu’il est difficile d’extraire dans des quantités suffisantes.

Sur 59 conservateurs listés, cinq sont autorisés en cosmétique bio :

  • L’acide benzoïque et ses sels,
  • L’alcool benzylique,
  • L’acide salicylique et ses sels,
  • L’acide sorbique et ses sels,
  • L’acide déhydroacétique et ses sels.
     

Quid du « sans conservateur » en cosmétique ?
 

Est-il possible de commercialiser des cosmétiques sans conservateur ?
 

Il est tout à fait possible de formuler des cosmétiques sans utiliser de conservateurs. C’est même l’option privilégiée par les fabricants quand elle est possible. Mais ce n’est malheureusement pas toujours le cas…

La formulation sans conservateur est possible via l’utilisation d’un packaging adapté ou d’un processus spécial :

  • Pack Airless : il s’agit d’un packaging conçu pour que le produit n’entre jamais en contact avec l’air ambiant
  • Stérilisation (type UHT, comme pour le lait) + packaging adapté, qui reste stérile lors de l’utilisation par le consommateur. La mise en place de cette technologie est très onéreuse et reste donc assez peu développée.

La galénique de certains produits permet également de se passer de conservateurs : les systèmes huileux et les savons solides sont des exemples de cosmétiques qui se passent aisément de conservateurs.
 

Justement, que signifient les allégations « sans conservateur » ?
 

Très souvent, l’allégation « sans conservateur » est utilisée lorsqu’un produit ne contient pas de conservateur listé. Dans ce cas, il contient des agents de conservation non listés comme les glycols et ses dérivés. Il s’agit d’ingrédients qui permettent de booster la conservation.

Toutefois, la législation relative aux allégations « sans conservateur » est en train d’évoluer. Le mieux reste donc de décrypter les listes d’ingrédients (INCI) afin de savoir de quoi il ressort pour un produit indiquant « sans conservateur ».

 

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Écrit par
Marine  Marine